« Les roses poussent parmis les épines. » [ Pv. Ezechiel. ]

« Les roses poussent parmis les épines. »

La plupart des gens ne croit pas en la magie. Ni au hasard. En fait, les hommes ne croient plus en rien. L'Astrologie, la Sorcellerie, le Destin, l'Amour, la Vie après la Mort. Plus personne ne s'y interesse. Il y a cru, pendant un temps, histoire de s'occuper un peu. Et puis, il est passé à autre chose. Même la Religion est passée de mode. Dieu n'est plus rien, pour personne. D'ailleurs, l'Homme ne croit même plus en lui.

Stephen Andrew était comme ça, lui aussi. Il avait perdu la foi. Il n'y croyait plus. Ce monde était bien trop détruit. Son espèce l'avait bien trop foutu en l'air, pour qu'il puisse encore y croire. Les guerres, les attentats, les morts, les maladies, la polution, la discrimination. Il n'y avait plus aucune chance qu'un jour, les hommes se rendent compte de leurs erreurs et décident de réparer tout ça. Et puis, un jour, lors de cette fameuse année 2000, début d'un nouveau millénaire, Stephen retrouva la foi.
Et il comprit qu'avoir " la foi ", c'était être maudit.

Trainer. C'était ce que Stephen savait faire de mieux depuis plusieurs années. Tout avait commencé par ce pouvoir, qui lui était apparu il y a longtemps de ça. Sans le vouloir, des gens avaient souffert autour de lui. Certains même étaient morts par sa faute. A cause de ce "don" qu'il avait reçu. Sur le moment, Stephen y avait cru, à cette histoire de chance. Avoir la faculté de controler les esprits, ce ne pouvait qu'être utile. Son frère le lui avait dit : "Avec ce pouvoir, tu pourrais devenir le maitre du monde, Stiew. ". Le maitre du monde. Tu parles. Un tueur, voila ce qu'il était devenu. Une créature cauchemardesque. Une bête de cirque. Un montre. Capable de tant d'atrocités. Qui avaient conduit au suicide ses parents.

Et depuis, Stephen trainait. Dans les bars, dans les rues. Le jour, la nuit. Rien n'avait plus d'importance. Il souhaitait juste retourner à sa vie d'avant. Quand sa soeur l'aimait encore, que ses parents étaient fiers de lui, que son frère n'avait pas de don non plus. Que leurs vies étaient banales et bien rangées. Stephen aurait tout donné pour ça. Pour qu'on ne le regarde plus comme un animal. Pour qu'on le traite normalement. Qu'on lui parle. Qu'on l'aide. Qu'on l'aime... Que lui était-il arrivé ? C'est la question qu'il se posait chaque jour, à chaque instant. La question qu'il se posait à ce moment précis, alors qu'il marchait le long du port. Le soleil venait tout juste de disparaitre à l'horizon, mais le ciel avait gardé cette couleur rose-violette magnifique qu'ils aimaient tant admirer sa soeur et lui, lorsqu'ils étaient jeunes.. et qu'ils s'aimaient encore. A présent, Stephen était seul pour observer cette lueur.

Avec lenteur, il s'approcha du bord du quai, s'agenouilla, puis s'assit, laissant ses jambes trainer dans le vide. Stephen alluma une cigarette, qu'il porta à ses lèvres. La fumée s'éleva au dessus de lui. Coinçant la cigarette entre ses dents, il retira ses chaussures, puis ses chaussettes, et plongea ses pieds dans l'eau glacial du port. C'était presque agréable. Il était seul, à cette heure, en ce lieu de désolation. Le côté reculé du port, où personne ne mettait jamais les pieds, appart quelques bandits et voleurs, ou bien encore les sans abris qui venaient s'y réfugier pour la nuit. Stephen prit une grande respiration, tira sur sa cigarette, et contempla la lumière rose devenir de plus en plus sombre.

Dans une vingtaine de minutes, le ciel deviendra entièrement noir, et les étoiles commenceront à apparaitre. Les reverbères s'allumeront, et les lumières aux fenêtres des habitations. Stephen ferma les yeux, essayant d'imaginer la nuit tomber sur la ville.. lorsqu'un bruit retentit derrière lui. Quelqu'un s'approchait. Stephen serra les poings, mais ne bougea pas d'un poil. Il porta à nouveau la cigarette à ses lèvres, comme ci de rien était, faisant attention au moindre bruit..

« Une légende très ancienne raconte que lorsque le ciel est rouge, beaucoup de sang à couler dans la journée. »

Est-ce que les gens se doutaient de quelque chose ? C'était la question que Stephen se posait tous les jours depuis qu'il était atteint. Lorsqu'il rencontrait quelqu'un, dans la rue, au restaurant, ou chez le coiffeur... Est-ce que cette personne comprenait qu'il était.. différent ? Est-ce que l'on pouvait lire sur son visage qu'il était un Monstre ? Il était entouré de gens normaux, qui ne se doutaient pas une seule seconde qu'il existait dans ce monde des êtres étranges, dotés de pouvoirs. Ils se levaient le matin sans savoir qu'ils vivaient parmi les mutants. Ils ouvraient leur porte aux inconnus, sans se poser la question de savoir si oui ou non ils étaient comme eux. Ils faisaient des enfants dans un monde dangereux.

Pourquoi n'ouvrent-ils pas les yeux ?

L'homme s'était approché. Stephen entendait ses pas derrière lui. Il avançait vers lui, d'un pas décidé. Sans quitter l'horizon des yeux, il vit apparaitre à sa droite une paire de chaussures italiennes. Le genre de chaussures d'une rare élégance, comme on en voyait très peu à cette époque. Son père lui avait dit un jour que l'on pouvait tout connaitre de quelqu'un d'après les chaussures qu'il portait. Du coin de l'oeil, Stephen se demandait ce qu'un homme aux chaussures italiennes chères et bien cirées faisait dans ce recoin de la ville. Mais ses réflexions s'arretèrent là. L'inconnu s'était arreté au bord du pont, à quelques centimètres de l'endroit où était assis Stephen. Pendant un instant, le silence plana entre les deux hommes. Puis, l'Autre le brisa. Fixant lui aussi le couché du soleil, il murmura une phrase, à propos d'une légende et du ciel rouge. La remarque fit sourire Stephen. Il tira une nouvelle fois sur sa cigarette, et parcourut les nuages du regard.

La phrase de l'homme lui fit repenser à un souvenir. Un souvenir enfouit au plus profond de Stephen, et auquel il n'avait pas pensé depuis très longtemps. Cela s'était passé il y a une dizaine d'années, alors que Stephen commençait son travail en tant que journaliste. Il devait se rendre à Alcatraz, car on lui avait donné un article à écrire à propos d'un partie du pénitentier le plus célèbre dans laquelle étaient enfermés des hommes atteints de maladies psychiatriques. En traversant l'allée qui menait à cette partie de la prison, un vieil homme s'était aggripé à la grille, et avait planté son regard grisatre dans celui de Stephen. Il n'avait pu s'empecher de s'arreter, lorsque l'homme lui avait raconter une histoire qui lui avait glacé le sang pendant plusieurs jours. A présent, tout ceci faisait sourire Stephen. C'était stupide. Cet homme était fou. Pourtant, la remarque de l'inconnu avait fait resurgir ce souvenir, et, sans savoir pouvoir, Stephen se sentit dans l'obligation de lui raconter cette histoire. Il expliqua donc, sans quitter le ciel des yeux :

- Un jour, un vieil homme m'a raconté qu'il s'était retrouvé devant un ciel comme celui-ci. Un ciel rouge sang. Parmi les nuages et les couleurs, il y avait des formes qui ondulaient. Cet homme y vit un signe. Un message. Comme... un ordre du "Seigneur". Ce soir là, il a tué sa femme et ses trois enfants.

Stephen leva alors les yeux vers l'inconnu. Un frisson le parcourut. Il détourna instantanément le regard, pour le fixer à nouveau sur l'horizon qui commençait à virer au bleu foncé. Pendant un instant, il avait cru voir sur les traits de cet homme le visage de la Différence...

Stephen avait tout faux. Certaines personnes savaient pertinemment qu'il existait dans ce monde des êtres comme lui. Des mutants. Ce que lui ignorait... c'est qu'il y avait sur cette Terre, des créatures bien plus dangereuses que cela.

« Que de péchés réalisés au nom d'un Dieu qui, s'il existe, les a tous abandonnés. »

hj :
le diable :
" Pour qui tu le portes ton sac de briques dis-moi, Stephan? Dieu, c'est ça ? Dieu, tu sais quoi ? Je vais te dévoiler une petite info exclusive, au sujet de Dieu: Dieu aime regarder, c'est un farceur ! Réfléchis.
Il accorde à l'Homme les instincts, il vous fait ce cadeau extraordinaire et ensuite qu'est-ce qu'il s'empresse de faire -et ça je peux te le jurer- pour son propre divertissement, sa propre distraction cosmique, personnelle: il établie des règles en opposition. C'est d'un mauvais goût épouvantable... "Regarde, mais surtout ne touche pas. Touche, mais surtout ne goûte pas. Goûte, n'avale surtout pas !" Et pendant que vous êtes tous là à sautiller d'un pied sur l'autre, lui, qu'est-ce qu'il fait ? Il se fend la pêche à s'en cogner son vieux cul de cinglé au plafond ! C'est un refoulé ! C'est un sadique ! C'est un proprio qui habite même pas l'immeuble. Vénérer un truc pareil: JAMAIS !
J'ai passé mon existence ici moi... Je suis resté collé à l'homme depuis qu'on l'a mis là ! J'ai nourrit chacune des sensations que l'homme a eu la bonne inspiration d'avoir ! J'ai cherché à lui donner ce qu'il voulait, je ne l'ai jamais jugé, pourquoi ? Parce que je n'ai jamais rejeté l'homme, en dépit de toutes ses imperfections, parce que moi j'aime l'homme !!!
Chu un humaniste. Peut-être même le dernier humaniste."

désolé j'ai pas résisté, j'aime tellement et ca correspond tellement à mon perso. =)